Sylvain BARBEROT - le ruban de Möbius

Le moulage de mon buste enduit d’élastomère de silicone trône sur une plaque d’inox miroir. Sa posture légèrement courbée l’incite à regarder son reflet. Sa peau à l’allure de porcelaine fond comme la cire au soleil pour se répendre à la surface du miroir. Il semble se détacher de sa propre peau pour recouvrir son propre reflet et noyer son double. L’instant semble grave et tendu. La transformation est imminente, là où deux protagonistes se font face et se confondent. Il s’agit ici d’imager l’analyse du travail de l’artiste... Le corps de l’artiste regardant sa propre production, son intériorité, comme on observe un étranger dont on devine qu’il a des portes à nous ouvrir.
Le ruban de möbius est une forme géométrique qui se déroule dans l’espace pour finir sur elle-même tel le signe infini en mathématique (). Le moulage issu de mon propre torse est enduit du matériau qui a servi à réaliser le moulage. Un moulage moulé en somme. Le ruban se contorsionne et sa referme sur lui-même. De la même manière, il s’agit ici du corps de l’artiste regardant son reflet qui est lui-même l’œuvre de l’artiste tout autant que le reflet de son œuvre.
...et le ruban se referme à nouveau.suer sa peau dans l’épaisseur du reflet.
Il existe deux versions de cette oeuvre. L'une repose sur une plaque d'inox miroir noire et l'autre sur une plaque d'inox miroir grise. Les deux bustes sont totalement identiques.
Artiste international dont le travail repose sur la dichotomie qui existe entre la mémoire et l’oubli.La mémoire est à mon sens l’élément indispensable qui lie notre corps au monde. Cependant, et alors que notre culture s’efforce de graver l’histoire au burin, je m’évertue d’inhiber, de déstructurer, voire d’effacer ma propre mémoire. Vaste entreprise que l’exercice de l’oubli…Le corps n’est que le support de cette mémoire dont il est dépendant, voire nécessiteux. Elle le construit, le modèle et le transforme. Et si l’anamnèse se traduit du grec comme la remontée du souvenir, pour ma part je la traque pour mieux m’en séparer.