Antonin Roure - Lombre du temps, la rencontre

- Tirage photogravure DTP sur papier Hahnemühle Platinum Rag -

En quête des résurgences matérielle d’une mémoire collective, intime, voire universelle, je me suis penché sur le corps, la roche, l’écorce, toute ces membranes reliant l’invisible au visible. Et plus particulièrement à leur cicatrices et aux marques que le temps y à laisser. J’y vois une porte d’entrée discrète et fuyante, bien qu’omniprésente jusque dans le quotidien, vers un monde basé sur l’émerveillement et les souvenirs partagées, chargés de sens, au sein duquel la scission historique et occidentale entre sciences et arts, émotions et savoirs, connaissance et expérience, n’auraient peut-être plus tant de sens.
Je vois dans ces traces une unité du réel que l’on aurait appris à oublier. Dans chaque relief se cachent un pouvoir subversif face au lissage contemporain du réel opéré conjointement par les sciences et la photographie. Les êtres vivants se retrouvent dans la matière minérale, laquelle se reflètent dans l’agencement des racines, des branches et de l’écorce des arbres, lesquelles renvoient à notre propre fragilité et notre extraordinaire sensibilité face aux évènements du monde.
Le temps, la mémoire et les expériences sont donc au centre de ce travail que je souhaite faire exister d’abord à travers des tirages ancrés dans la matière.


- Bio -
Centrée sur l’ici et maintenant, ma pratique se développe autour d’une attention située, subjective et intime tournée vers proche et à l’inaperçu. J’y interroge les codes et narrations érigés par l’humain occidental pour cadrer sa propre « réalité » et classifier le réel.
Formé à la danse, à l’écriture critique et à la recherche, c’est en autodidacte que j’approche la photographie. La pratique résolument expérimentale que j’en développe emprunte leurs outils à la photographie, la vidéo, le dessin, mais aussi aux logiciels de modélisation, à la céramique, et à l’installation. Trois piliers guident ainsi mon travail : l’expérience sensible du quotidien, l’expérimentation libre et curieuse des outils et matières du photographique, et enfin la recherche en histoire de la photographie, des arts, des médias, des sciences, en anthropologie, psychologie et sociologie.
Fasciné depuis toujours par la photographie, c’est au cours de mes études universitaires que son influence sur notre perception m’est apparue. Depuis, persuadé de la nécessité de guérir l’engourdissement causé par son omniprésence, j’explore les possibles formes plastiques et récits capables de guérir notre « réalité » réduite et dématérialisée.
Retrouver la matière au cœur du photographique et me réapproprier ses outils pour y insuffler la subjectivé constituent ainsi le fil rouge de mon travail. Mon intérêt pour l’invisible et l’invisibilisé témoigne d’une tentative de donner corps à la richesse sensible du monde par une approche expérimentale.