Michael Schuster se demande comment évaluer la maturité sublime, la définition, l'intensité, la beauté et la transparence des dernières sorties du Domaine de la Romanée-Conti, aussi merveilleuses que les très grands 2019 mais d'une manière totalement différente.

Deux millésimes consécutifs du Domaine de la Romanée-Conti, 2020 et 2019, sont aussi exceptionnels l'un que l'autre en qualité, mais aussi différents en style et en caractère qu'on peut l'imaginer. Mes notes sont quasiment identiques à celles des 2019, mais leur expérience vinicole est radicalement différente, tant les proportions, la structure et les caractéristiques des deux années sont contrastées.

Chiffres de production
La bonne nouvelle, c'est que le rendement de 2020 a été satisfaisant après un millésime 2019 plus que maigre. Cette année, la plupart des vins ont produit un rendement légèrement supérieur à la moyenne de 2010 à 2017. La Tâche était légèrement en dessous, et Romanée-St-Vivant a fait exception, avec un rendement légèrement inférieur à son record de 2014. Enfin, le « nouveau » Corton-Charlemagne a produit un autre vin exceptionnel, avec une production trois fois supérieure à celle de 2019, son premier millésime en DRC. À des fins de comparaison, comme chaque année maintenant, j'ai indiqué les chiffres de production en tête de la note de chaque vin comme suit : le rendement 2020 à l'hectolitre par hectare près, la production 2020 en douzaines et, à titre de comparaison, en italique entre parenthèses, la production annuelle moyenne en douzaines de 2010 à 2017, plus la production annuelle la plus élevée de 2009, 2014 ou 2017, les trois millésimes récents les plus prolifiques.

La saison de croissance
La saison 2020 a été impactée en premier lieu (et surtout ?) par son démarrage précoce. Après un hiver bien arrosé, produisant des réserves suffisantes pour soutenir la vigne pendant l'été très sec, le débourrement a été particulièrement précoce, le 20 mars, initiant ce qui allait être un cycle précoce dans le vignoble tout au long de l'année viticole. Ceci a conduit à un début exceptionnellement précoce des vendanges des vieilles vignes, exactement le même jour qu'en 2003 – le 23 août, soit trois semaines plus tôt qu'en 2019. Mais la comparaison avec 2003 s'arrête là.

Cette année-là, on avait enregistré dix jours consécutifs d'août au-dessus de 40 °C, avec des nuits plus chaudes qu'un midi d'été typique, et pendant une grande partie du mois, la chaleur du Sirocco s'est propagée du Sahara à travers le sud du Rhône et jusqu'en Bourgogne. En effet, j'avais remarqué, en dégustant les vins de la RDC en bouteille à dix ans d'âge, qu'ils avaient « un petit côté méridional ». En 2020, le mercure (ces thermomètres existent-ils encore ?) n'a même pas atteint 40 °C, et encore moins dépassé cette limite.