Mezcala, État de Guerrero, Mexique Pierre Idole

Idole anthropomorphe.

Mezcala, État de Guerrero, Mexique, 350 - 100 av. J.-C.

Pierre.

32 cm de hauteur.

En bon état, avec une ligne de déchirure restaurée professionnellement aux épaules.

PROVENANCE : Collection privée, Doullens, France. Acquis avant les années 1970.

DESCRIPTION:
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Statuette taillée dans la pierre en ronde-bosse, bien que seulement travaillée sur le devant, laissant le dos plat. Le style Mezcala se caractérise particulièrement par un schématisme accentué qui, dans ce cas, se traduit par une représentation de proportions modifiées et une anatomie synthétisée. Les différentes caractéristiques faciales et éléments anatomiques sont résolus uniquement par des plans et des lignes droites, avec de longues, profondes et très larges incisions. Le profil est caractéristique de nombreuses figures de style Mezcala (fig. 1), avec une tête à la mâchoire large et arrondie, pointue au sommet de la tête, un cou bien différencié, étroit, court, travaillé avec une rainure, épaules saillantes, bras proches du corps, pliés sur l'abdomen, avec des coudes légèrement saillants par rapport au profil, et des jambes très courtes, droites, évasées. Il s'agit d'une anatomie disproportionnée, dans laquelle la tête est généralement l'élément le plus important et donc celui avec la taille relative la plus grande (fig. 2).

Dans ces figures de Mezcala, la forme de la tête peut varier, étant plus ou moins étroite au niveau du sommet du crâne. Dans le cas de la pièce étudiée, cette pointe, qui représente probablement une déformation crânienne rituelle, est si accentuée qu'elle donne à la tête une apparence triangulaire. Le visage est défini par deux plans obliques, qui, en se rejoignant, forment une arête créant le nez. Cette méthode simple mais très expressive de construction des plans du visage est un élément caractéristique de nombreuses figures de Mezcala (fig. 3). L'absence d'une différenciation plus marquée du nez signifie que, parfois, il disparaît presque en raison de l'effet de l'érosion, comme c'est le cas pour la pièce étudiée et d'autres de même type conservées (fig. 4).

Les sourcils, en forme de V, sont très épais et sont mis en valeur par un relief plat, représentant une ride qui suggère un froncement de sourcils. Ce n'est pas une caractéristique très courante sur les statuettes mezcala, bien que certains parallèles aient été trouvés (fig. 5). Sous ces sourcils accentués, dont le relief est davantage mis en valeur par une dépression plate en dessous, il n'y a aucune indication des yeux. La bouche, très basse, est représentée par une incision horizontale profonde et large, dont la légère courbure suggère la forme d'une bouche à moitié ouverte. Les oreilles commencent dans la région temporale et se terminent à la mâchoire; elles sont allongées et plates, séparées du visage par de longues incisions verticales. Le torse est entièrement plat sans différenciation entre la poitrine et l'abdomen, et les avant-bras sont définis par deux incisions si larges qu'elles créent des concavités légèrement courbées. Les bras, sans mains différenciées, semblent reposer sur l'abdomen, sans être joints, et sont travaillés en relief supérieur. Les jambes ont un profil extérieur arrondi et sont complètement plates, sans genoux ni indication des pieds autre qu'un léger aplatissement à l'extrémité.

Les pièces lithiques de style Mezcala étaient utilisées à la fois dans les contextes vivants et funéraires, et il est connu qu'elles étaient offertes dans des dépôts rituels. Ce sont sans aucun doute des objets précieux, tant par les matériaux utilisés que par le niveau élevé de spécialisation requis pour leur sculpture. On peut donc en déduire que ces figures étaient des signes de hiérarchie, et pouvaient également être liées à des représentations symboliques de l'identité de leur porteur, faisant référence à son rang, son métier, ses mérites, son statut marital ou son appartenance à un certain groupe.

Pendant la période préclassique mésoaméricaine, une grande tradition d'objets en pierre de petite taille s'est développée dans la région de Guerrero ainsi que le long de toute la côte pacifique mexicaine. Dans les années 1960, Carlo Gay a différencié quatre styles ou traditions : Mezcala, Chontal, Olmèque et Teotihuacain. Tous sont des pièces trouvées dans des sites funéraires, fabriquées à partir de diverses pierres telles que la diorite, la calcite, l'andésite, la serpentine et le porphyre, entre autres.

La tradition de Mezcala, la plus représentative des quatre, provient de la région au sud de la rivière Balsas lorsqu'elle traverse l'État de Guerrero. Sa production lithique artistique se compose de pièces caractérisées par un langage de simplicité manifeste tant dans la modélisation que dans le détail. Les modèles sont représentés avec brio principalement par des coupes droites et planes, et les formes tendent à être géométriques. En général, le style de Mezcala est le plus abstrait des quatre styles de la région de Guerrero ; il est cependant lié à la tradition Chontal à travers certains types hybrides. Les pièces de Mezcala dépeignent une variété de motifs, notamment des figures humaines et des masques, des modèles architecturaux, des outils tels que des haches, des ciseaux, des poinçons et des polisseuses, ainsi que des animaux tels que des jaguars, des grenouilles, des singes et des oiseaux.

Les trois autres styles ont leur origine dans la région au nord du fleuve Balsas. La tradition chontal, en particulier, s'est développée juste au nord de la région de Mezcala. Les pièces de ce style sont principalement des masques et des têtes, bien que des figures debout et assises aient également été trouvées. Les figures animales sont rares, et aucun exemple de modèles architecturaux n'a été découvert. Il s'agit d'œuvres dans lesquelles la ligne courbe prédomine, en contraste avec le style de Mezcala. De plus, le chontal est une langue beaucoup plus naturaliste. La tradition olmèque, représentée par un corpus beaucoup plus petit de pièces que les deux précédentes, comprend des figures dans diverses positions, des masques, des sifflets en forme d'oiseau, des pectoraux, des objets en forme de cuillère, des crocs et des perles, ainsi que des miroirs en hématite et un seul bol en onyx. Stylistiquement, elle n'a aucune relation avec les styles de Mezcala et de Chontal, en dehors des thèmes, de la monumentalité formelle, du manque de détails et de certains aspects techniques. Enfin, la dernière tradition différenciée par Gay est celle de Teotihuacan, représentée par des masques et des figurines qui montrent une combinaison de caractéristiques olmèques et chontal.

BIBLIOGRAPHIE:

GAY, C. Sculpture en pierre de Mezcala : la figure humaine. Le Musée d'art primitif. New York. 1967.
REYNA-ROBLES, R.M. La Cultura Arqueológica Mezcala. Instituto Nacional de Antropología e Historia. 2006.
L'art Mezcala. Gouvernement constitutionnel de l'État de Guerrero. Mexique. 1993.
L'État de Guerrero, un État à découvrir. Revista Arqueología Mexicana. Vol. 24, nov-déc 2006.

PARALLÈLES :

Fig. 1 Figure humaine. Style Mezcala, Mexique, 200 av. J.-C. - 300 apr. J.-C., pierre. Museu d'Amérique, Madrid, inv. 1985/01/156.

Fig. 2 Figure humaine. Style Mezcala/Chontal, bassin moyen de la rivière Balsas, 500 av. J.-C., pierre. - 900 apr. J.-C., pierre. Museo Amparo, Puebla (Mexique), inv. 52 22 MA FA 57PJ 976.

Figure 3. Figura masculine. Style Mezcala, bassin moyen de la rivière Balsas, Mexique, 500 av. J.-C., pierre. - 900 apr. J.-C., pierre. Museo Amparo, Puebla (Mexique), inv. 52 22 MA FA 57PJ 978.

Fig. 4 Figure humaine. Style Mezcala, Guerrero, Mexique, 500-200 av. J.-C., pierre. Baltimore Museum of Art (États-Unis), inv. 2005.123.

Fig. 5 Figure masculine. Style Mezcala, bassin moyen de Balsas, Mexique, 500 av. J.-C. - 900 apr. J.-C., pierre. Museo Amparo, Puebla (Mexique), inv. 52 22 MA FA 57PJ 1033.






Remarques :

- La pièce comprend un certificat d'authenticité.
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