L'Antiquité des Tems restaurée et défendue contre les Juifs et les nouveaux chronologistes
(L'Antiquité des temps restaurée et défendue contre les Juifs et les nouveaux chronologistes)

Paul-Yves Pezron (1639–1706) était un moine cistercien français, théologien et spécialiste de linguistique et de philosophie. Il obtint un doctorat du Collège cistercien Saint-Bernard à Paris. Chronologiste reconnu, il remettait en question les chronologies bibliques et juives traditionnelles. Pezron avançait que la création du monde aurait eu lieu environ 6 000 ans avant Jésus-Christ, et non 4 000 comme on le croyait généralement à l'époque.

L'argument principal de Pezron consistait à défendre avec véhémence la chronologie de la Septante comme véritable chronologie originelle de l'histoire biblique. La Septante est l'ancienne traduction grecque de la Bible hébraïque (compilée à Alexandrie, en Égypte, au IIIe siècle av. J.-C.), et sa chronologie des événements, de la création au déluge, diffère sensiblement du texte massorétique ultérieur (le texte hébreu standard de l'Ancien Testament actuellement en usage), qui présente une chronologie beaucoup plus courte.

Pezron a soutenu que la chronologie plus longue de la Septante était plus précise et que le texte massorétique était le résultat d'altérations ou de corruptions délibérées par des érudits juifs dans la période post-exilique. C'était une affirmation courante parmi certains érudits chrétiens de l'époque, qui croyaient que les scribes juifs (massorètes, du mot hébreu masorah « tradition »), entre le VIe et le Xe siècle de notre ère, avaient intentionnellement raccourci la chronologie pour obscurcir les prophéties messianiques liées à la venue du Christ.

Les prophéties messianiques les plus fréquemment citées par les érudits chrétiens comme preuves clés de modifications textuelles intentionnelles dans le texte massorétique sont : Isaïe 7:14 prophétise une vierge (Parthénos) portant un fils, interprétée comme la naissance virginale du Christ. Le Psaume 22:16 décrit des « mains et des pieds percés », perçus comme annonçant la crucifixion. Les « Soixante-dix Semaines » de Daniel 9 sont considérées comme prédisant la venue du Messie. Des modifications dans la chronologie et la formulation massorétiques étaient considérées comme occultant ces alignements prophétiques.

En plus des Pères de l'Église et des écrivains classiques (comme Flavius Josèphe, l'historien juif), Pezron a également soutenu ses arguments avec des références aux chronologies et sources de l'Égypte ancienne et de la Chine qui devenaient nouvellement accessibles aux chercheurs occidentaux de l'époque, à travers les missions jésuites et les premières études orientalistes, suscitant l'intérêt de les aligner sur les chronologies bibliques.


[12]-295-[1]-36-39-[1] p. : ill. ; in-4
Paris, chez la veuve d'Edme Martin, Jean Boudot & Estienne Martin. M.DC.LXXXVII, 1687

Gravure sur cuivre en frontispice, têtes et culs-de-lampe gravés sur bois, et lettrines (dont une magnifique et grande tête figurée – la Tour de Babel en flammes). Certaines pages présentent des rousseurs et des trous de vers, sans atteinte au texte. Reliure solide à nerfs, mais étrangement écorchée.


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