Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris, petits poèmes en

Cinquième édition du Spleen de Baudelaire, méticuleusement "revue sur les textes originaux" et enrichie de notes critiques et variantes établies par Adolphe Van Bever (1871-1927). L'ouvrage se distingue par son appareil critique soigné et s'orne de fleurons Art-Nouveau en noir et blanc dans le texte ainsi que de deux portraits de l'auteur.

Exemplaire relié dans une élégante reliure de l'époque en demi-chagrin vert à coins, dos lisse orné dans le style Art-Nouveau avec date en queue, tête teintée en rouge, filet doré sur les mors, gades jaspées, signet, couverture originale conservée.

Bon état général, cuir légèrement insolé, des rousseurs en marge et autres défauts mineurs.

¶ "Le Spleen de Paris", également connu sous le sous-titre "Petits poèmes en prose", représente une œuvre novatrice et inachevée de Baudelaire qui rassemble une cinquantaine de pièces en prose brèves. Initialement, le poète ambitionnait de composer cent poèmes en prose, mais n'a finalement réalisé qu'environ la moitié de ce projet avant sa mort. Ces textes furent d'abord publiés individuellement dans diverses revues et journaux de l'époque, avant d'être rassemblés en recueil. Contrairement aux "Fleurs du Mal" qui suivent une architecture précise et un itinéraire spirituel soigneusement calculé, "Le Spleen de Paris" se présente comme un ensemble pouvant se lire dans le désordre, reflétant ainsi l'errance du flâneur dans la capitale française.

Cette œuvre représente une innovation littéraire majeure car elle réconcilie deux termes jusqu'alors antinomiques : "poème" et "prose". Baudelaire y explore une "prose sans rythme et sans rime" qui constitue, selon son ami Théodore de Banville, "un véritable événement littéraire" et "une poésie totalement neuve". Le recueil se caractérise par deux aspects fondamentaux : le décor de la grande ville de Paris en pleine transformation haussmannienne et une dimension onirique qui transcende la simple description réaliste. Les thèmes principaux incluent le passage inexorable du temps qui "mange la vie", ainsi que différentes formes d'ivresse pour y échapper, particulièrement l'ivresse poétique que Baudelaire considérait comme la seule légitime, car capable de produire une œuvre qui assure une forme d'éternité au poète. Cette œuvre reste ainsi le "pendant" en miroir inversé des "Fleurs du Mal", tant par sa forme que par son organisation apparemment aléatoire.